La surpopulation de la prison de Lantin
La surpopulation de la prison de Lantin

La surpopulation de la prison de Lantin

Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la ministre, je vais ajouter un élément à mon texte afin que M. le ministre puisse rapidement honorer d’autres obligations.

Monsieur le ministre, vous aurez lu les chiffres dans le contenu de ma question. Entre-temps, une évasion s’est produite hier après-midi à Lantin. Ce n’est évidemment pas anodin du point de vue de la sécurité, que peut aussi dégrader la situation de surpopulation. Je pense qu’à cette heure, on n’a toujours pas retrouvé le détenu qui s’est évadé.

Bien entendu, les conditions sont également exécrables dans d’autres établissements. Je tenais donc à ajouter ce fait d’actualité.

Paul Van Tigchelt, ministre: Nous avons eu à de multiples reprises des discussions au sujet de la surpopulation dans nos prisons. Nous avons augmenté de manière sensible le nombre de
places dans les prisons (de 9 546, le 2 octobre 2020 à 10 700 hier). Mais il est vrai que le nombre de détenus a aussi augmenté de la même manière.

On est particulièrement attentif à la situation de l’établissement Lantin. Mon cabinet s’est réuni avec les responsables de l’Ordre des Barreaux
Francophone et Germanophone et avocat.be dans le cadre du jugement prononcé le 28 novembre 2022.

Le lendemain, mon cabinet assistait à une réunion dans le cadre d’une visite d’établissement en présence de la bourgmestre de Juprelle. Au cours de ces deux réunions, les différentes pistes visant à soulager l’établissement ont été évoquées.

Je n’entrerai pas ici dans les détails mais via une utilisation pragmatique des places encore disponibles en Wallonie et à Bruxelles, je compte faire baisser sensiblement la problématique. Je n’ai
pas la solution miracle en poche.

J’espère, par ailleurs, pouvoir bénéficier d’un réel soutien quant aux différentes pistes passant par l’ouverture d’un nombre suffisant de places en maisons de détention y compris à Liège, où un
certain nombre de détenus pourraient être transférés.

Il faut sortir du discours actuel critiquant le manque de places et qui, par ailleurs, trouve tous les arguments possibles et imaginables pour critiquer l’ouverture de places liées à une détention orientée vers la réinsertion dans la société, comme c’est le cas des maisons de détention.

La détention à petite échelle est un outil important dans la lutte contre la récidive. Cette lutte fait partie d’un triptyque également composé de la prison comme ultimum remedium et de l’exécution des peines prononcées. C’est ce triptyque qui permettra à la population pénitentiaire de baisser, et notamment celle de Lantin.

Je suis au courant de l’évasion, qui a eu lieu hier, si je ne m’abuse. Cela figurait dans la presse de ce jour, mais l’évasion date bien d’hier. J’ai demandé une analyse. Pour moi, il serait prématuré et imprudent de faire d’autres commentaires pour l’instant.

Vanessa Matz (Les Engagés): Monsieur le ministre, j’entends ce que vous dites par rapport à Lantin et d’autres. Ici, ma question concernait Lantin, parce que votre cabinet a effectivement eu une réunion avec d’autres intervenants, avec la bourgmestre de Juprelle.

Vous savez aussi que, pour la première fois, en l’absence de solution dans la quinzaine, elle prendra un arrêté pour limiter les écrous. C’est la première fois qu’elle le fait. Il y a quand même quelques années qu’elle est bourgmestre, si je peux me permettre. C’est la première fois qu’elle le fait, parce que la situation est vraiment dramatique. Je sais qu’il y a eu des réunions.

Ce qui est incompréhensible, alors que les courtes peines sont des peines, c’est que les condamnés sont placés en maison d’arrêt et non en détention! Pourquoi? En tout cas, à Lantin, c’est ce qu’il se passe. Lantin présente les deux aspects. C’est quelque chose d’incompréhensible, puisqu’on est bien dans le cadre d’une peine qui est purgée.

D’autre part, vous évoquez la question de la maison de détention de Grivegnée, à Liège. Je le suppose, en tout cas. Je pense que là, il faut aussi rappeler que sur le principe, l’ensemble des intervenants – dont nous sommes aussi – sont d’accord sur le principe des maisons de détention.

Nous soutenons ces projets qui visent à une meilleure réinsertion, avec des publics plus réduits, avec un accompagnement plus actif, etc. Mais vous avez participé à une réunion d’information au début du processus. Il s’agit d’une partie densément peuplée de la ville de Liège. C’est un endroit complètement anachronique par rapport aux besoins de cette maison de détention.

C’est là que réside le problème. Il y a eu des débats en conseil communal à Liège. Il y a eu des débats au conseil provincial. Je pense que tout cela va dans le même sens. Tous les intervenants disent que ce n’est pas vraiment le bon endroit pour faire cela.

La population a bien compris le sens du projet, mais se trouve un peu lésée et un peu prise de court. Dans ce dossier, la ville de Liège a dit, à un certain moment, n’avoir jamais été prévenue. Vous m’avez dit, dans le cadre du budget, que les autorités liégeoises et le bourgmestre avaient évidemment été prévenus. Bref, la population se sent prise de court. Voilà pourquoi les réactions sont nombreuses!

Je vous y rends attentif et j’entends que vous allez prendre des mesures pour Lantin. À défaut, la bourgmestre prendra un arrêté dans quinze jours. Ce sera la première fois en dix-huit années qu’elle exerce cette fonction. C’est dire combien la situation est dramatique.

De surcroît, les syndicats ont prévenu qu’ils allaient se mettre en grève. Vous répondrez que cela ne va pas, mais en attendant, leurs conditions de travail (avec un matelas par terre) ne sont plus acceptables.

Revoir la commission

Lire le compte rendu de la commission