La panne d’électricité à Lantin, un établissement pénitentiaire où la situation devient intenable
La panne d’électricité à Lantin, un établissement pénitentiaire où la situation devient intenable

La panne d’électricité à Lantin, un établissement pénitentiaire où la situation devient intenable

Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, nous terminions tout à l’heure sur l’état désastreux de la prison de Huy. Nous arrivons maintenant à Lantin, où ce n’est guère mieux.

Nous avons appris qu’un incident, un de plus, aux conséquences potentiellement gravissimes, a touché la prison de Lantin le 28 février dernier. En effet, une coupure de courant a touché la région de l’établissement pénitentiaire. Celui-ci dispose de quatre groupes électrogènes pour pallier ce type de coupure, mais trois d’entre eux ne se sont pas déclenchés, entraînant un blackout dans la prison.

Cette panne a eu de nombreuses conséquences: perte de toute la téléphonie, perte du réseau informatique, perte de toutes les commandes de serrures électriques, coupure de la chaufferie, perte d’une grande partie des éclairages, y compris les éclairages de secours, perte de l’alimentation en eau (eau sanitaire et bouche incendie), un véhicule de police bloqué dans un sas, des détenus bloqués dans la cour, la perte des ascenseurs, etc.

On peut saluer la bonne gestion de cette situation de crise par les équipes sur place et se réjouir qu’il n’y ait pas eu d’incidents graves à cette occasion. C’est un peu de chance, car la panne a eu lieu en semaine, en horaire de jour et avec une équipe technique au complet sur le site. Mais les conséquences auraient pu être catastrophiques.

Ces dysfonctionnements ne sont, eux, pas le fruit du hasard. Il nous revient que deux des trois groupes électrogènes défaillants auraient dû être remplacés en novembre 2023, sans que la prison n’ait aucune nouvelle depuis sur la programmation des travaux. Fort heureusement, des techniciens présents ont pu en relancer un après une demi-heure et l’autre après une heure. Le troisième groupe électrogène défaillant avait fait l’objet de nombreux rapports de signalement depuis son installation (démarrages intempestifs, non-déclenchement en cas de panne électrique, non-retour sur le réseau lors du rétablissement).

Monsieur le secrétaire d’État, comment expliquez-vous cette situation critique ? Comment entendez-vous remplacer ces groupes électrogènes qui devaient être remplacés en novembre dernier? Pourquoi n’avez-vous pas tenu la prison au courant? Des interventions sont-elles planifiées concernant celui qui a fait l’objet de nombreux rapports de signalement? Quand auront-elles lieu? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de suites à ce jour face aux signalements?

Mathieu Michel, secrétaire d’État: Merci pour votre question, madame la députée. En premier lieu, je tiens à souligner l’efficacité et la rapidité d’action du personnel de la prison, qui a dû faire face à une situation compliquée et inédite.

Les événements qui se sont déroulés sont le résultat de défaillances en cascade, à commencer par celle du gestionnaire du réseau. Ensuite, le déclenchement des installations de secours a posé de graves problèmes à la gestion de la prison. Un marché de remplacement de trois groupes électrogènes a été engagé en 2023 et sa concrétisation est prévue tout prochainement.

La Régie des Bâtiments m’informe que les informations avaient bien été transmises au service technique de la prison. En outre, des actions entreprises par le fournisseur de l’appareil et la firme qui l’avait installé ont bien eu lieu pour tenter de déceler les problèmes qui amenaient le groupe électrogène défectueux à dysfonctionner à répétition, mais aucune des pistes probables n’a pu résoudre le problème.

Nous avons donc élargi la zone d’investigation, ce qui nous a menés à prévoir quatre phases d’intervention: la modification de la cabine du quartier des femmes, avec le remplacement du système de réenclenchement automatique (le cahier des charges est en cours de rédaction); la modification du système de délestage du tableau général basse tension; la vérification qu’aucun appareil ne se met en défaut à la suite des travaux réalisés après les deux précédentes phases; et, enfin, le remplacement de la platine LCD de commande du groupe.

Toutes ces interventions sont bien prévues pour le groupe du bloc O, mais le timing de chacune d’entre elles dépendra des résultats de chacune de ces phases. Madame la députée, la Régie met tout en œuvre et avait déjà entrepris des démarches afin de solutionner le problème, et ce, avant la panne de ce 28 février, qui est regrettable.

Vanessa Matz (Les Engagés): Monsieur le secrétaire d’État, quand j’entends votre réponse, j’ai l’impression d’entendre « Tout va très bien, madame la marquise! ». Au fond, les personnes qui se plaignent de problèmes techniques ne sont sans doute pas légitimes, puisque la Régie des Bâtiments a fait tout ce qu’il fallait.

Je reste très perplexe face aux différentes pannes qui surviennent sur ces groupes, malgré les interventions que vous avez signalées. Si tout cela a été fait, pourquoi cette panne a-t-elle eu lieu et pourquoi n’y a-t-il pas de solution proposée? Je ne comprends pas pourquoi ces dénonciations ont lieu de la part du personnel et de la direction. Le personnel mais aussi des détenus sont mis en danger. Or vous dites que la Régie a fait tout ce qu’elle devait faire et que cela va prendre du temps. Comme pour la prison de Huy, je suis extrêmement perplexe quant à l’agilité demandée dans un établissement pénitentiaire extrêmement vétuste, pour lequel la question de la surpopulation est aussi fort préoccupante.