Le malaise au sein de la police
Le malaise au sein de la police

Le malaise au sein de la police

Question adressée à la Ministre de l’Intérieur lors de la séance plénière du 21 octobre 2021

Vanessa Matz (cdH) : Madame la présidente, madame la ministre, hier, environ 350 agents de police manifestaient à Bruxelles. Le ton est semble-t-il quelque peu monté après que vous n’ayez pas accepté de les recevoir pour entendre leurs différentes revendications. Toutefois, la manifestation s’est terminée dans le calme.

On peut comprendre la colère légitime des policiers. Après des années de disette organisées par le gouvernement précédent, la police manque structurellement de moyens. Les annonces que vous avez faites relatives à son refinancement sont quelque peu contredites par des économies prévues dans le budget 2022.

Le commissaire général de la police, lors d’une émission de télévision, dimanche dernier, a aussi émis toutes ses craintes par rapport à ce financement. Les revendications sont toujours du même ordre : la NAPAP, un refinancement, une revalorisation.

Madame la ministre, pourriez-vous réaffirmer ici très clairement et avec force toutes les mesures que vous avez l’intention de mettre en œuvre ? En effet, il faut que vos promesses soient traduites dans les faits. Vous ne pouvez pas vous contenter de dire qu’on va engager 700 policiers afin de remplir les effectifs car, sur le terrain, la situation est extrêmement compliquée. Sur l’année 2021, on n’a pas atteint le chiffre de 1 600 policiers complémentaires.

La police a besoin d’être rassurée. Même si ce groupe n’est pas représentatif au sens syndical du terme, il est, en tout cas, l’émanation de ce qui se passe actuellement dans la police qui a été mise à rude épreuve, avec des tâches qui lui ont été confiées suite au covid, aux actes de terrorisme et aux inondations. Cette reconnaissance leur revient. Pourriez-vous nous dire comment cela se traduira ?

Annelies Verlinden, ministre: Madame la présidente, madame Matz, je peux confirmer ou reconfirmer l’importance de la police qui doit parfois effectuer son travail dans des conditions très complexes. Je lui apporte donc tout mon soutien. Cependant, permettez-moi de recontextualiser les choses. La police fédérale a effectivement subi des économies linéaires cette année, mais pas à la même hauteur que les autres départements.

L’année prochaine, les mêmes économies sont prévues. Il est ici question d’un montant total d’environ 20 millions d’euros. Mais, en contrepartie de ces économies, il y a beaucoup d’investissements dans la police également, tant quantitatifs que qualitatifs.

Par exemple, en 2021, comme vous le savez, 50 millions d’euros de moyens supplémentaires ont été prévus et seront investis dans la police et, pour 2022, ce seront 70 millions d’euros d’investissements supplémentaires. En outre, environ 80 millions d’euros seront investis et spécifiquement destinés au projet de la digitalisation de la police. C’est un suivi donné aux recommandations de la commission parlementaire sur les attentats terroristes de 2016.

Par ailleurs, comme vous l’aurez déjà constaté, le coût des traitements d’attente NAPAP sera également compensé en 2022, tant pour la police fédérale que pour la police locale. Le budget prévu pour l’année prochaine montre, une fois de plus, qu’on va investir dans le domaine de la sécurité et que cela reste une priorité absolue pour ce gouvernement. Vous doutiez qu’on arrive au nombre de 1 600 policiers additionnels cette année-ci. L’année n’est pas encore terminée mais nous sommes on track (…)

Vanessa Matz (cdH) : Madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse complète et pour votre engagement à une pro-activité que vous voulez joindre à ce dossier. Ce que les policiers demandent, ceux qui ont manifesté hier et les autres, c’est que cela se traduise sur le terrain. Ce n’est pas encore perceptible. Je sais que vous devez rattraper un bon nombre d’années marquées par un sous-investissement, mais il faut vraiment que cela soit extrêmement visible.

Nous nous indignons tous lorsque l’un d’eux tombe sous les balles, par exemple, lors d’une agression, mais la reconnaissance que nous pouvons leur donner est à trouver dans les moyens humains et dans le matériel mis à leur disposition pour leur sécurité. Il est vrai que le groupe de policiers présents hier n’est pas représentatif. Néanmoins, il aurait été bon de faire un geste et d’écouter leurs revendications, qui ne sont pas très différentes de celles des syndicats.