Intervention lors d’un colloque sur les violences intrafamilales
Intervention lors d’un colloque sur les violences intrafamilales

Intervention lors d’un colloque sur les violences intrafamilales

Ce samedi 11 juin, les Soroptimist de Liège fêtaient leur 75ème anniversaire. A cette occasion , elles avaient voulu consacrer une matinée de réflexions sur les violences intra familiales.

C’est ainsi que l’occasion m’a été donnée d’intervenir dans ce dossier qui m’est cher avec un pédopsychiatre, une avocate et un artiste . Un bel échange pour faire progresser cette cause qui est un phénomène de société dont il ne faut jamais arrêter de parler pour que cela change .

Bravo pour cette organisation au top et les échanges intéressants

Quelques chiffres :

  • Selon StopFéminicide, en Belgique on dénombre au moins 22 victimes de féminicides en 2021, au moins 25 en 2020 et on en compte déjà 10 victimes au moins en 2022
  • Une femme sur quatre est victime de violence physique et/ou sexuelle au sein du couple (en Belgique 24% pour 22% en Europe)
  • Les victimes féminines de violences ne portent plainte que 
    dans une minorité des cas (13,9%)
  • 35 scènes de coups se produisent en moyenne avant qu’une femme subissant des violences conjugales ose se rendre à la police pour porter plainte
  • 40 à 49% des femmes depuis l’âge de 15 ans ont subi des violences conjugales d’ordre psychologique: rabaisser ou humilier une femme en privé, à insister de savoir où elle se trouve d’une manière qui va au-delà d’une inquiétude générale, et à se mettre en colère si elle parle avec d’autres hommes
  • Il apparaît que dans la grande majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes, des femmes
  • Le terme de «femmes battues» couramment utilisé ne rend pas compte de la totalité des violences entre partenaires puisque les pressions psychologiques y sont prépondérantes: la violence verbale est de loin la plus fréquente (41,5%), suivie par les intimidations (22%), et ensuite les coups (15%)
  • 8,9% des femmes ont vécu des contacts ou des relations sexuelles forcées avant l’âge de 18 ans
  • La  plupart  du  temps, l’auteur est un membre de la famille ou une 
    personne de l’entourage proche. Et 23% de ces victimes féminines mineures n’ont jamais parlé de ces faits à quelqu’un
  • Les  violences  sexuelles  touchent  surtout  les  femmes  (5,6%,  contre  0,8%  d’hommes),  et  ce sont également elles qui  sont le plus enfermées ou mises à la porte (5,9%, contre 2,7% pour les hommes)
  • 103 dossiers pour violences au sein du couple (physiques, sexuelles, psychiques ou économiques) sont ouverts… chaque jour par la police fédérale, selon ses statistiques 2020.
  • De 2019 à 2020 durant le confinement on a connu des augmentations de 13 à 15% en plus de dépôts de plainte pour violences conjugales
  • Selon Vie Féminine, en 2018, 70% des plaintes pour des faits de violences sont classées sans suite alors que ces victimes de violences psychologiques et/ou physiques peinent toujours à briser le silence

Ce que nous proposons au-delà de ce qui existe :

  • Rendre effective la loi anti-rapprochement (Bracelet anti-rapprochement)
  • Un renforcement des moyens pour la justice et la police, qu’ils soient en nombre suffisant et formés. Pour exemple, en 2017, en Espagne, le gouvernement a dédié 200 millions d’€/an pendant 5 ans au financement de la lutte contre les violences faites aux femmes et a vu son taux de féminicide chuter de 24 % entre 2003 et 2018
  • La création de tribunaux spécifiques dédiés aux violences intrafamiliales capables d’apporter une réponse judiciaire dans les 48h à 72h comme en Espagne et en France
  • Une incrimination de l’inceste en tant que tel au-delà de 18 ans
  • Un hôpital par province avec un centre spécifique et multidisciplinaire d’accueil des victimes de violences pour permettre notamment de systématiser la possibilité de déposer plainte à l’hôpital
  • Une coordination de l’aide aux victimes
  • TOLERANCE ZERO
    En 2004, après un an, « plus de 1.900 hors-série de violence conjugale ont été ouverts et le taux de classement sans suite est passé de 90 à 25 % », soulignait René Begon, chargé de projets au Collectif contre les violences familiales et l’exclusion basé à Liège, dans un rapport en 2005.
    • Plus de classement sans suite pour les dossiers de violences à l’égard des femmes.
    • Quels que soient les faits, un procès-verbal doit être dressé même si la victime ne veut pas ou n’ose pas porter plainte.
    • Le parquet déploie tout l’arsenal répressif disponible en fonction de la gravité des faits, de la simple comparution devant un substitut à l’emprisonnement.
    • Lorsque l’agent de police dresse le PV, s’il s’agit d’un fait léger, il doit avertir le parquet dans les huit jours, lequel décidera d’une éventuelle poursuite. S’il s’agit d’un fait grave ou d’un cas de récidive de coups légers, l’agent doit avertir le magistrat de garde qui peut décider d’une garde à vue immédiate avant de proposer qu’une information judiciaire soit menée, voire que l’auteur des coups soit appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel.
    • Mesure d’éloignement de l’auteur des faits de violence, et non le déplacement de la victime parfois avec ses enfants.
  • Créer un groupe de recherche et d’expertise dédié aux violences à l’égard des Femmes chargé de collecter des données statistiques pertinentes à intervalle régulier, sur les affaires relatives à toutes les formes de violences à l’égard des femmes et de mener des enquêtes basées sur la population, à intervalle régulier, afin d’évaluer l’étendue et les tendances de toutes les formes de violences tenant compte de celles qui ne seraient pas déclarées officiellement et donc non prises en compte dans les statistiques
  • Recontacter et assurer un suivi des victimes et des auteurs présumés de violences
  • Un renforcement des moyens pour le secteur associatif notamment pour l’aide aux victimes mais aussi pour l’accompagnement des auteurs de violences