Les violences intrafamiliales durant le confinement
Les violences intrafamiliales durant le confinement

Les violences intrafamiliales durant le confinement

Vanessa Matz (cdH):

Monsieur le président, on dit toujours qu’on garde le meilleur pour la fin. J’en profite pour remercier les services et les interprètes – en particulier car, à cette heure-ci, c’est une épreuve de continuer à traduire – qui nous aident et je remercie aussi la ministre pour sa longue présence cet après-midi. Très rapidement, la presse francophone s’est faite le relais d’un sondage qui avait été effectué par l’Université de Liège et qui mentionnait qu’un couple sur trois avait été l’objet de violences conjugales lors du confinement.

Deux caractéristiques particulières ont été mises en lumière: plus le couple est jeune – c’est-à-dire, plus la relation est récente –, plus le risque de violence est grand. Le deuxième facteur est le logement: plus le logement est exigu, plus le risque de violence est élevé. Ceci confirme ce que nous savions: les périodes de confinement que nous vivons sont particulièrement propices aux violences.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous interroger. Par rapport à cette nouvelle statistique inquiétante, je vous ai interrogé, tout comme le ministre de la Justice et la Secrétaire d’État, Sarah Schlitz, sur les mesures annoncées.

Je voudrais savoir où tout ce travail très important d’accompagnement, de suivi des victimes, de possibilité de retéléphoner via les services de police aux personnes qui ont fait l’objet d’une plainte.

J’aurais souhaité savoir où ce travail en était au sein de la conférence interministérielle et des différents volets que vous aviez annoncés. Je pense qu’au bout d’un an – alors que nous tirions déjà la sonnette d’alarme fin mars auprès des ministres de l’époque –, il faut prendre des mesures assez fortes.

Vos prédécesseurs ont tergiversé, je sais que vous avez une volonté sur le sujet avec vos collègues, mais la volonté ne suffit pas, il faut des actes. Où en sommes-nous?

Annelies Verlinden, ministre:

Madame Matz, comme j’ai déjà pu le signaler, l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes est chargé de la coordination de ce nouveau plan national d’action. Par conséquent, il appartient à la secrétaire d’État à l’Égalité des chances et à la Diversité de répondre à cette question.

Comme vous le savez, l’Institut assure un suivi et une coordination des mesures et pratiques mises en œuvre par notre pays durant cette période de covid-19. Par ailleurs, un tableau de bord est mis à jour afin de suivre l’évolution des différentes initiatives à cet égard. Pour ce qui concerne l’agenda de la Conférence interministérielle, je vous renvoie également vers la secrétaire d’État.

S’agissant des services de police, ceux-ci sont bien évidemment censés suivre les lignes directrices formulées et approuvées au plus haut niveau du GPI, conformément aux directives du Collège des procureurs généraux et des procureurs locaux. Hormis ces directives, d’autres initiatives ont été prises prioritairement pour continuer à combattre la violence intrafamiliale pendant la période corona.

Je pense ainsi au site internet général de la police en ligne, qui offre aux victimes la possibilité de porter plainte contre certains crimes, y compris en cas de violence intrafamiliale.

Les centres d’urgence réservent une attention toute particulière à de telles situations à risque.

Vanessa Matz (cdH):

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Il va de soi que je savais que vous ne déteniez pas le portefeuille le plus important dans la lutte contre la violence conjugale. Néanmoins, vous exercez la compétence sur les services de police.

Pour le dépôt de plaintes, il faut aussi que les victimes y soient incitées. Comme vous le savez, c’est l’un des gros problèmes, puisqu’elles renoncent souvent à porter plainte, en pensant que leur dossier ne sera pas suivi d’effet et que cela ne sert à rien parce qu’elles ne seront pas crues.

C’est donc sur ces aspects qu’il faut travailler. Je ne sais toujours pas si nos services de police recontactent après trois mois, comme cela fut demandé dans une résolution votée ici, les victimes qui ont déposé plainte pour prendre de leurs nouvelles, ainsi que les auteurs des faits afin de maintenir une certaine pression sur ces derniers.

Cette mesure peut être exécutée facilement dans la police, notamment au sein des services d’aide aux victimes. J’espère que vous suivrez attentivement ces questions cruciales, tout comme vos collègues que j’aurai sans doute l’occasion d’interroger après le congé de carnaval.

En tout cas, je vous remercie de votre réponse et de votre présence longue et très patiente au cours de cet après-midi.