L’absence de moyens supplémentaires pour la police fédérale
L’absence de moyens supplémentaires pour la police fédérale

L’absence de moyens supplémentaires pour la police fédérale

Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la ministre, hier, nous avons été, et je pense que les policiers l’ont été aussi, particulièrement choqués par ce qui s’est passé en commission de l’Intérieur. Nous débattions d’un texte, d’une résolution sur les moyens à octroyer à la police judiciaire, suite à différentes auditions que nous avons eues avec ses représentants, mais aussi avec des magistrats, qui avaient tiré la sonnette d’alarme.

Plusieurs textes étaient déposés sur la table, émanant du PS. La N-VA avait également déposé des textes similaires. La proposition a été faite de travailler à quelque chose de commun, afin d’associer tout le monde pour que nous puissions aboutir au meilleur texte possible. Plusieurs partis étaient demandeurs sur la question.

Quelle ne fut pas notre surprise, notre désarroi, de constater que plusieurs membres de votre majorité se sont exprimés en disant qu’au fond, ce travail ne servait à rien, puisqu’il n’y aurait pas un euro de plus pour la police judiciaire et pour la police tout court. Je vous avoue que les bras m’en sont tombés! Passe encore pour moi, mais je pense à ceux qui, tous les jours, assurent notre sécurité. Effectivement, cela va beaucoup plus loin. Tous les jours, j’entends dans les médias, ici, des membres de la majorité, quels qu’ils soient, dire que cela ne va pas et qu’il faut des moyens complémentaires pour cette police judiciaire, pour lutter contre le grand banditisme, pour lutter contre la drogue.

Au moment où nous pouvons travailler ensemble, on nous dit qu’il n’y aura pas un euro de plus pour la police judiciaire.

Madame la ministre, bas les masques! Je voudrais qu’ici, vous nous disiez s’il entre effectivement dans vos intentions de ne pas ajouter de moyens complémentaires à cette police qui est au bord de l’asphyxie et qui rapporte, vous le savez, énormément d’argent à l’État. Je vous remercie.

Annelies Verlinden, ministre: Chers collègues, madame Matz, vous brossez une image selon laquelle le gouvernement ne veut pas investir dans la police et ne le fera pas. Sachez toutefois, madame, que la sécurité est notre bien le plus précieux. C’est précisément pour cette raison que ce gouvernement investit plus que jamais dans la police et dans bien des moyens complémentaires.

Je laisserai la police dans une meilleure situation qu’elle ne l’était quand je l’ai trouvée. Je l’affirme avec une grande conviction, parce que la police est déjà en meilleure forme aujourd’hui qu’il y a deux ans et demi. En 2021 comme en 2022, nous avons recruté plus de 1 600 inspecteurs supplémentaires. À la fin de la législature, notre police fédérale comptera un effectif net de 1 000 collaborateurs supplémentaires dont 400 pour les PJF.

Nous avons en outre investi des millions dans des équipements tels que des bodycams, du matériel informatique et des voitures, entre autres. Nous avons lancé le projet « i-police ». L’accord sectoriel a bien été confirmé et a notamment validé une augmentation salariale moyenne de 5 % pour nos policiers.

Mais d’autres efforts vont aussi être déployés pour rendre le métier de policier plus attractif avec des possibilités de formation et des carrières attrayantes. Nous avons conclu des accords clairs avec la direction de la police concernant des domaines où des ressources supplémentaires seront mobilisées dans les années à venir. Ceci n’est qu’un bref aperçu de tout ce que nous avons déjà investi et cela montre que ce gouvernement fédéral est bien aux côtés des policiers.

Un important travail a donc déjà été effectué. Je ne dis pas cela pour vous prouver que vous avez tort, mais parce que je veux pouvoir regarder tous les citoyens de notre pays et les policiers droit dans les yeux et leur dire avec conviction que je fais tout ce que je peux pour assurer aussi bien que possible leur sécurité. Y sommes-nous déjà? Notre travail est-il terminé?

Non! Mais le changement est en marche. Il faut continuer sur cet élan. Ces réalisations ne sont toutefois pas une évidence. Le recrutement de 1 600 policiers chaque année ne se fait pas tout seul. Pourquoi ces chiffres sont-ils difficiles à atteindre? Parce que le travail de policier n’est pas un métier facile. Cela est dû aussi à la pénurie et à la concurrence sur le marché du travail. De plus, il n’est pas facile d’être policier dans cette société complexe. Mais cherchons ensemble, de manière constructive, les moyens de continuer à renforcer la police. Je vous assure que nous allons continuer à investir des moyens supplémentaires dans notre police.

Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la ministre, permettez-moi de ne retenir que votre dernière phrase: « Nous allons continuer à investir des moyens supplémentaires dans notre police. »

Les membres de votre majorité n’étaient-ils pas bien informés? Ou bien on nous fait croire ici que l’on va continuer à investir alors qu’on sait bien au fond qu’on ne le fera pas. Pourquoi ne pas permettre alors au Parlement, à tous les partis, d’être autour de la table pour déterminer ce qui est le mieux pour cette police? C’était en tout cas la volonté de la commission.

Pour la plupart, vous avez rappelé des choses que vous avez déjà faites. Pourquoi des textes sont-ils actuellement déposés, notamment par le PS, si effectivement tout a été fait? Je vous avoue que je ne comprends pas. Pourquoi demander des moyens complémentaires alors que tout aurait été fait? Nous avons par ailleurs une résolution sur les cryptomonnaies assortie d’une demande de moyens complémentaires pour la police judiciaire. Il faut simplement assurer la cohérence. (…)

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