Efficacité des systèmes de géolocalisation utilisés par les services de secours belges
Efficacité des systèmes de géolocalisation utilisés par les services de secours belges

Efficacité des systèmes de géolocalisation utilisés par les services de secours belges

Monsieur le Ministre, le lundi 19 août, suite à un tragique accident, le corps de Simon Gautier, un randonneur français de 27 ans a été retrouvé sans vie dans un ravin neuf jours après s’être blessé dans le sud de l’Italie, selon les autorités.

L’Italie n’ayant toujours pas déployé le système de géolocalisation AML, on comprend que les recherches ont été longues et difficiles. Ce tragique événement m’amène à me questionner sur l’état de fonctionnement et l’efficacité de ce système en Belgique.

En effet, nous disposons en Belgique de deux applications, l’AML (Advanced Mobile Location) et l’application 112.be téléchargeable.

Dans une communication de la centrale d’urgence 112 datant de 2017, celle-ci indiquait qu’il fallait posséder un téléphone Android avec une carte SIM belge, afin que les centres d’appels urgents 112 et 101 puissent localiser les victimes de manière précise via l’AML. Cette technologie de localisation exploite les possibilités de localisation du smartphone afin de transmettre automatiquement aux centres d’appels urgents la position en cas d’urgence. Depuis 2015, le SPF Intérieur et l’EENA (European Emergency Number Association) insistent auprès des fabricants et fournisseurs de smartphones pour qu’ils introduisent l’AML. En 2017, seul Android supportait cette fonctionnalité.

Parallèlement, l’application 112.be développée par la centrale d’appels d’urgence visait les mêmes objectifs et même plus mais elle doit être téléchargée et utilisée par la victime pour appeler le 112.

Monsieur le Ministre,

–      A l’heure actuelle, est-ce que tous les types de smartphones peuvent supporter le système AML ?

–      A-t-on une estimation du nombre d’habitants en Belgique qui disposent d’au moins un système de géolocalisation en cas d’urgence ?

–      A-t-on des résultats objectifs quant à l’efficacité et/ou les manquements de chacun des systèmes, 112.be et AML ?

–      Ces deux systèmes sont-ils complémentaires ou l’un des deux est-il privilégié ?

–      Le système AML est-il utilisable en Belgique par des victimes provenant de l’étranger ?

–      Des nouvelles campagnes de sensibilisation sont-elles prévues ?

Pieter De Crem, ministre: La plupart des smartphones de moins de dix ans utilisant le système d’exploitation Android supportent la fonctionnalité de l’Advanced Mobile Location, l’AML, que vous venez de mentionner, comme les smartphones des fabricants Samsung, Huawei, Motorola, LGG et Xiaomi. Android supporte l’AML pour tous les numéros d’urgence belges, tant les numéros 112 et 101 que l’ancien numéro 100. Apple, avec le système d’exploitation IOS, supporte également l’AML à partir de la version IOS11.3 et suivantes. Cependant, Apple n’a pour l’instant activé l’AML que pour le numéro d’urgence 112.

Nous nous efforçons de convaincre Apple d’offrir également cette fonctionnalité pour les numéros 101 et 100.

De plus, Apple valide l’AML par opérateur Télécom et cette fonctionnalité n’était disponible jusqu’à récemment que pour des clients de Proximus. Selon les informations reçues par mon administration, les clients Orange et Base pourraient également bénéficier de ce service lors d’une prochaine mise à jour.

Les systèmes IOS et Android détiennent plus de 95 % des parts du marché des smartphones. Des résultats objectifs ne sont pas encore disponibles mais nous avons déjà quelques exemples où l’App 112.be en Belgique a montré une grande différence dans la vitesse de localisation d’une personne en situation de détresse.

L’App 112.be a les mêmes fonctionnalités que l’ALM et offre même plus de possibilités.

Au départ de l’App 112.be, vous pouvez transmettre des informations personnelles dont des informations médicales et les coordonnées qui peuvent être essentielles pour venir en aide à une personne en détresse. En outre, si vous appuyez sur la bonne icône de l’application, vous êtes directement en contact avec la centrale qui peut vous apporter l’aide adéquate. L’icône des pompiers ou l’icône ambulance vous dirige vers la centrale d’urgence 112 compétente pour l’intervention urgente des pompiers et l’aide médicale urgente alors que l’icône de la police vous met en contact avec la centrale 101 compétente pour l’aide policière.

De cette manière, on évite de devoir transférer les appels lorsque vous avez composé le 112 par exemple mais que vous n’avez pas besoin d’une aide policière ou que d’une aide policière.

Par ailleurs l’App 112.be offre la possibilité de créer un tchat, fonctionnalité principalement destinée aux sourds ou aux malentendants ou encore aux personnes atteintes d’un trouble de l’élocution mais elle peut également être utilisée en situation de crise lorsque l’appelant ne peut pas parler, par exemple lors d’un cambriolage.

Enfin, les données de localisation transmises par l’App 112.be sont actualisées toutes les 30 secondes, ce qui peut avoir de l’importance lorsqu’une personne attaquée est en mouvement.

L’App 112.be offre par conséquent, plus de possibilités que l’ALM.

Pour ce qui concerne les victimes provenant de l’étranger, le système ALM n’est pas utilisable pour l’instant. Étant donné la disponibilité de cette technologie, nous pouvons supposer que ce n’est qu’une question de temps avant que cette option soit activée.

Donc, des campagnes de sensibilisation ne sont pas à l’ordre du jour notamment en raison du prix élevé mais l’application 112.be sera mise en avant dès que l’opportunité se présente.

Vanessa Matz (cdH): Monsieur le ministre, je vous remercie pour cette réponse très complète. Il y a quelque chose qui m’a peut-être échappé. Pour que le 112 géolocalise la personne, il faut que l’application ait été téléchargée. Donc, si je compose le 112 de mon smartphone maintenant parce que je me sens en danger et que je ne sais pas très bien où je suis, je pense que le 112 ne va pas pouvoir me localiser. Il faut avoir téléchargé l’application 112 pour être géolocalisable, ce qui n’est pas le cas pour la majorité des personnes. Beaucoup auront le réflexe de composer le 112 mais pas de télécharger l’application.

D’autre part, je ne comprends pas la réticence d’Apple à mettre en place le système AML pour les autres numéros que le 112. Je ne comprends pas les raisons qui les motivent. C’est encore la peur du grand complot de surveillance. Je ne sais pas. C’est une question. 

Pieter De Crem, ministre: C’est sans doute une question pour mon collègue en charge de tout ce qui relève de la consommation, des intérêts du client et de la protection des consommateurs. Deuxièmement, il y a une augmentation considérable du système tracker. Beaucoup de gens utilisent ce système pour voir où l’on est en permanence sur le territoire belge.  

Vanessa Matz (cdH): Confirmez-vous qu’il faut bien avoir téléchargé l’application 112 pour pouvoir être géolocalisable? Si vous formez le 112 de votre clavier de façon classique, je pense que vous ne l’êtes pas. 

Pieter De Crem, ministre: Franchement, c’est une question très technique. Je n’ose pas me prononcer. C’est possible. Je me renseignerai et je vous transmettrai la réponse. 

Vanessa Matz (cdH): Monsieur le ministre, je vous remercie.